braniya chiricahua




L'ancien se meurt, le nouveau ne parvient pas à voir le jour. Dans ce clair-obscur surgissent des monstres.
Antonio Gramsci

dimanche 13 octobre 2013

LA DAME DE COEUR : DEUX OU TROIS CHOSES SUR LE 20 AOÛT 1955

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Le dimanche 11 mars 2012, les Algériens et les Français ont pu suivre sur la chaîne publique de télévision France 2 un documentaire sur la guerre d'Algérie intitulé « La déchirure »(reprogrammé pour le dimanche 09 juin à 23H, sur la même chaîne). Le film, compilation d'archives cent fois vues et revues (sauf qu'elles ont été colorisées pour l'occasion), affublé d'un commentaire expéditif, est attribué à Gabriel Le Bomin et Benjamin Stora. Le commentaire est lu par l'acteur Kad Merad. Après la projection, un débat a rassemblé autour du journaliste de la chaîne, les historiens B. Stora et J.J. Jordi, un ancien dirigeant de la Fédération de France du Fln, Ali Haroun et une écrivaine, Danielle Michel-Chich pour son livre « Lettre à Zohra D. »

Disons-le tout net : le débat aura surtout mis en exergue le silence craintif de ceux qui étaient à même de redresser les « oublis du commentaire » -qui mériterait bien d'être écrit en deux mots : comment taire- ou de répliquer aux sous-entendus révoltants de J.J. Jordi qui a repris honteusement la thèse raciste d'une violence « déjà présente avant la conquête chez les habitants de l'Algérie ». [ Puisque M. Jordi est d'ascendance espagnole, quelqu'un aurait pu lui rétorquer que c'est cette même thèse raciste qui est brandie de temps à autre pour stigmatiser les Espagnols et leur violence soi-disant « congénitale ».] Et qui était le mieux placé pour ce faire sinon le représentant du Fln, Ali Haroun, et « the » spécialiste (médiatique) de la guerre d'Algérie, homme de gauche de surcroît, B. Stora ?

Pourtant, quand le film aborda l'inévitable épisode de la soi-disant « bataille d'Alger », il passa sous silence le fait que si les Algériens avaient entrepris de placer des bombes dans des lieux publics, c'était en riposte à l'attentat à la bombe commis dans la Casbah, par des policiers de haut rang, à l'abri du couvre-feu, donc avec la complicité de l'armée qui bouclait ladite Casbah. Cet attentat, dit de la rue de Thèbes, avait provoqué la mort de 73 personnes, hommes, femmes, vieillards, enfants tous surpris dans leur sommeil.

Ce que le chroniqueur Yves Courrière disait déjà en 1969 (in « La guerre d'Algérie », 4 tomes) : à savoir que l'attentat de la rue de Thèbes avait été préparé et exécuté par le comité dit des « Quarante », groupe d'ultras et de factieux sanguinaires à l'image d'André Achiary, l'un d'entre eux, et dont certains faisaient d'ailleurs partie du staff de Robert Lacoste -le (s)ministre-résident et néanmoins social-démocrate guillotineur ; ce qui est aujourd'hui un fait historique documenté et avéré, pourquoi le film le passe-t-il sous silence ? Et pourquoi ni Stora ni Haroun n'ont-ils eu le courage de simplement le rappeler ?

De même, quand le film aborda le massacre d'El Halia (village de mineurs près de Skikda, 20 août 1955) au cours de la jacquerie organisée par Youcef Zighoud (chef de la wilaya 2, Nord-Constantinois), pourquoi les deux sus-nommés n'ont-ils pas rappelé la condamnation de cet acte sauvage par le chef de l'Insurrection, Abane Ramdane, qui avait écrit, alors, dans un tract qu'«une révolution véritable ne s'attaque pas aux femmes et aux enfants » ? Pourquoi Haroun -en sa qualité d'ancien responsable Fln- n'a-t-il pas le courage de condamner, à 57 ans de distance, une action barbare qui jette l'opprobre sur la légitimité même de la cause qu'elle prétend défendre ? On répondra que cette région vivait avec le souvenir brûlant de la grande tuerie du 8 mai 45 (dans laquelle s'était illustré Achiary). Justement : laissons aux Achiary et consorts, aux généraux de la conquête, à l'armée française en campagne le privilège de la flétrissure éternelle qui s'attache aux grands crimes. Ne peut-on comprendre que c'est en commettant de pareils actes que l'on perd son âme et que l'on est ensuite renvoyé dos-à-dos avec les criminels d'en face -ce qui permet d'escamoter subrepticement la question de la légitimité de la lutte ? On pouvait également rappeler que sur les 123 morts que fit la jacquerie du 20 août, l'attaque du village, 71 étaient des Européens mais beaucoup étaient des ouvriers algériens. 

On pourra réitérer les mêmes critiques et décliner le même argumentaire à propos d'un autre événement terrible de cette guerre : le massacre dit de Mélouza, une mechta supposée acquise à Messali, que des hommes du Fln investirent et dont ils tuèrent tous les habitants : plus de 300 morts. Ordre en a été donné par Mohammedi Saïd (colonel, chef de la wilaya 3, Kabylie). Ce dernier deviendra, des années après, l'un des chefs du FIS et revendiquera fièrement son massacre en 1991. Ni le Fln ni le Fis n'ont été gênés par un tel personnage, espion des services de renseignement allemands, l'Abwehr, envoyé en Algérie en 1944, avec mission de renseigner et de saboter.

Un autre silence -du commentaire ainsi que des invités- non moins éloquent a trait à l'attentat contre Soustelle. Ali Haroun a perdu là l'occasion de dire que si le Fln de Abane avait prononcé une condamnation à mort contre Soustelle, c'est parce qu'il le tenait pour auteur d'une directive donnée à l'armée de pratiquer le viol systématique sur les femmes indigènes. L'anthropologue qu'était Soustelle a imaginé que le procédé dissuaderait les hommes de prendre les armes, au risque de perdre leur honneur. Abane avait répliqué par une intelligente campagne d'action psychologique en direction des régiments de Tabors marocains et de Tirailleurs sénégalais (qui officiaient dans les Aurès), faisant valoir qu'ils violaient leurs propres sœurs ou leurs mères. L'action porta ses fruits et les Tabors rechignèrent à participer aux opérations, puis exigèrent de rentrer chez eux. Le commandement les déclara « peu sûrs » et renvoya chez eux Tabors et Tirailleurs sénégalais. On peut faire remarquer en passant, s'agissant de Soustelle, qu'au début de son mandat de gouverneur général, il était proche des idées de réformes nécessaires défendues par Germaine Tillon et Vincent Monteil ; il avait même fait d'eux ses conseillers au GG. On dit que c'est le spectacle du carnage d'El Halia qui l'a fait basculer dans le camp des ultras. À bon entendeur...

Pour la bonne bouche tout de même, le mot de la fin. Il appartient à la quatrième personne invitée, Mme Danielle Michel-Chich. Cette dame a été victime -elle avait cinq ans- de la bombe du Milk Bar, où sa grand-mère l'avait emmenée déguster une glace. L'enfant y perdra une jambe. La machine infernale avait été déposée par Zohra Drif, fille de la grosse bourgeoisie rurale, étudiante en Droit. Danielle Michel-Chich s'adresse dans son livre à celle qu'elle ne connaissait pas, qui ne la connaissait pas mais qui a désormais quelque chose en commun avec elle. L'horreur ? La guerre ? La haine ? Vous n'y êtes pas. La réponse est : l'insoumission. Deux femmes insoumises dans le miroir de la reconnaissance. Quelle beauté d'âme ! Quelle hauteur ! Voilà pourquoi et par qui cette émission télévisée a été sauvée de la médiocrité, de la lâcheté et de l'ennui. Par celle qui n'a pas craint, quant à elle, de rappeler que l'attentat de la rue de Thèbes a été le déclencheur de la bataille des bombes. Il reste un dernier détail à noter qui a son importance : Danielle Michel-Chich est d'origine juive algérienne.


Le site socialgérie.net a saisi l'occasion de la réédition de mon article "La dame de coeur" (sur braniya blogspot) pour susciter un débat sur le 20 août 55 (bien que ce ne fût pas là, précisément, l'objet de mon article mais peu importe). Un échange -que l'on ne saurait qualifier de débat- eut bien lieu (cf http://www.socialgerie.net/spip.php?article1250). Voici donc ma réponse à mon contempteur, suivie de ma réponse à sa réponse.

Socialgérie.net me propose de réagir à la lettre de Saci Belgat qui est elle-même une réaction à mon article « La déchirure », paru sur mon blog braniya.blogspot et repris par Socialgérie.net.

Une remarque s'impose avant toute chose : mon article a été écrit en mars 2012 sous un autre titre, « La dame de coeur », et a été publié dans chiricahua-overblog. Je l'ai fait reparaître en juin 2013, à l'occasion de la reprogrammation du film « La déchirure » par la chaîne de télévision France 2.

Mon article avait pour objet la critique de l'attitude des débatteurs (J-J. Jordi, Ali Haroun, Benjamin Stora) et se félicitait de celle de Mme Danielle Michel-Chich, s'agissant de quelques faits saillants de la guerre d'Algérie. C'est ainsi que j'ai mentionné la tragédie d'El Halia, celle de Melouza, la bataille des bombes (dite d'Alger) et l'attentat contre Soustelle, en reprochant aux ditsdébatteurs d'avoir observé un silence honteux sur ces événements.

Cela étant précisé, voici quelques remarques à propos de la lettre de Belgat :

Un débat franc et loyal sur le 20 août 55 ne peut pas s'engager sur la base du chantage aux martyrs. C'est exactement ce que fait le pouvoir militaro-policier depuis 1962 afin de culpabiliser les Algériens et de les empêcher d'accéder aux vérités de l'histoire de la guerre d'indépendance car il tient sa (fausse) légitimité de cette guerre.

Pas plus, le débat ne peut être possible sur la base de la pratique de l'amalgame malhonnête et de la confusion des genres (par exemple, en assimilant ce que je dis aux positions de quelqu'un avec qui je n'ai aucun commerce). Ce n'est pas en pratiquant ce type de terrorisme intellectuel subalterne que l'on aurait quelque chance de me faire taire ; pas plus que les hommes de main -dont je tairai les noms par charité- de Hadj Bakhtaoui, la taupe de la SM infiltrée dans le saint des saints du PAGS, ne m'ont fait taire durant le congrès dudit PAGS. (Cf sur braniya l'article « Hommage à A. Fardeheb »)

Dans mon article, un morceau de phrase a inopinément sauté qui me fait donner le chiffre des morts pour la journée du 20 août pour celui du massacre d'El Halia, de même qu'a sauté le chiffre des morts algériens, victimes de la répression qui s'est ensuivie, 12 000. Mon contempteur rétablit les comptes, se demande à quel jeu frauduleux je joue (je ne suis pas coutumier de ces méthodes et il le sait) mais oublie opportunément de citer celui des victimes de la répression : 12 000 Algériens tués. On le comprend : il suffit de juxtaposer les deux chiffres pour que surgissent des questions très gênantes. 12 000 est un chiffre incontesté jusque là, car les hommes de Zirout ont recensé scrupuleusement, dechra par dechra, maison par maison, les victimes. Tel était bien le but recherché : faire tuer le plus d'innocents possible pour se rallier la population.

Du reste, le congrès de la Soummam a examiné cette affaire (ainsi que celles dite de « la nuit rouge de la Soummam » -où 'Amirouche avait fait exterminer un village entier, femmes, enfants, vieillards compris, pour le punir d'avoir fourni des harkis au sénateur Ourabah, plus de 1 000 morts, mieux que Melouza- et celle de Sakamody, où le commando Ali Khodja avait massacré des femmes européennes avec leurs enfants.) Pour justifier son action, Zirout aura cette réponse :  « De toute façon, le nombre de victimes de la répression est tel qu'il efface tout ». Voilà qui est clair.

N.B. Zirout, tous les témoignages concordent, était foncièrement bon et généreux ; il voulait faire une guerre propre et se reportait constamment à la Convention de Genève. Son adjoint, Lakhdar Bentobbal, pour qui il avait beaucoup d'admiration, le convainquit que ce n'est pas ainsi qu'il fallait envisager la guerre, mais de façon « révolutionnaire », c'est-à-dire en impliquant la population.

C'est dit.


Réponse à la réponse :


"Trois points méritent un commentaire :

1) Mon contradicteur déclare qu'il ne pratique pas le chantage aux martyrs et en même temps qu'il ne peut échapper à la « filiation génétique » (sic). Sans doute veut-il signifier par là qu'il est donc condamné à célébrer, ad vitam aeternam, le culte des martyrs. Mais, il faut être cohérent : on ne peut affirmer que l'on "déteste" la notion de "famille révolutionnaire" et se réclamer d'une "filiation génétique", car cette dernière notion est la base de la première.

Cette notion de "filiation génétique" est, d'ailleurs, du grand "n'importe quoi" ! Si le "révolutionnarisme" était un caractère héréditaire, ça se saurait ! Mais le « n'importe quoi » théorique peut avoir une efficacité pratique. Personnellement, j'ai compris qui avait bricolé cette notion ridicule et à quoi elle servait, le jour où un compagnon de route du PAGS m'a dit qu'un ami de son père, officier de la SM de son état, l'avait mis en garde contre une adhésion à ce parti, car lui -le compagnon de route- avait « un code génétique spécial » (sic) à respecter, son père étant un martyr. A-t-on besoin d'un dessin pour voir qui est derrière les notions de « famille révolutionnaire » et de « filiation génétique » et pour comprendre qu'il est vain d'essayer de les opposer ?

2) Mon contempteur se demande « ce que le PAGS a à voir là-dedans ». J'ai parlé, dans ma réponse, du congrès du PAGS et des hommes de main de Bakhtaoui -la taupe de la SM-, ceux qui faisaient office de nervis, tentant d'intimider les délégués de la commission politique, parce que cette dernière s'acheminait vers un rejet de la soi-disant résolution politique de la SM, présentée par le truchement de Bakhtaoui et consorts. Allons ! Encore un petit effort de mémoire et je suis sûr que l'impétrant parviendra à rétablir les liens manquants. Sinon, je peux tout-à-fait le faire à sa place.

3) Dans les dernières lignes, mon contradicteur revient à son « lieu naturel » comme dirait Aristote. Retour au chantage, cette fois-ci au 1er novembre. Vous critiquez la jacquerie du 20 août 55, donc, et de proche en proche, vous êtes, en fait, contre le 1er novembre. C'est la reductio ad Hitlerum, le terrorisme idéologique au petit pied de ceux qui n'ont pas d'arguments à faire valoir. Ce procédé méprisable consiste à vous enfermer dans un dilemme insoluble : ou bien continuer à tenir votre position et alors vous passez pour un apostat ou pire encore ; ou bien vous vous résignez au silence, et alors vous reconnaissez implicitement que vous aviez tort. Les procès de l'Inquisition espagnole et ceux de Moscou se tenaient sur cette base de principe.

Le 1er novembre a impliqué l'essentiel de ma famille et la guerre qui s'est ensuivie l'a engloutie sans retour. Je ne me suis jamais -au grand jamais- cru pour autant habilité à brandir des interdits ou à prescrire des génuflexions mémorielles. L'idolâtrie des hommes ou des symboles est la marque de l'infantilisme et des esprits serfs.

J'ai une immense admiration -raisonnée- pour 'Abane et Benmhidi et je pense que leur mort a été une catastrophe pour le pays ; cela ne m'empêche pas d'estimer qu'ils ont commis une erreur politique majeure en ne s'opposant pas résolument à la bataille des bombes dans Alger qu'il fallait, au contraire, sanctuariser, en empêchant les « houmistes » locaux d'y jouer aux cow-boys -houmistes qui laissaient quand même le soin de poser les bombes à de frêles jeunes filles.

Je n'ai que mépris pour ceux qui, planqués derrière des frontières sûres et reconnues entendaient se battre jusqu'au dernier Algérien comme Boukharrouba et consorts.

Je condamne ceux qui ont lancé à la mort des innocents, comme ce fut le cas lors du 20 août 55 ou du 17 octobre 61.

J'exècre ceux qui se sont rendus coupables de massacres atroces, tels 'Amirouche ou Mohammedi Saïd.

Voilà, entre autres, ce que j'ai toujours dit et le ciel ne m'est pas tombé sur la tête... Et ce n'est pas le prêchi-prêcha à langue de bois qui y changera quoi que ce soit."



Pour finir, rappel de quelques éléments d'information à propos du 20 août 55 

  • Parmi les acteurs du 20 août 55, le capitaine Aussaresses. Le futur assassin de Larbi Benmhidi et de Me Ali Boumendjel (entre autres) était officier du renseignement à Philippeville-Skikda. Informé bien à l'avance des préparatifs de l'attaque contre les centres urbains projetée par Zirout Youcef -une action de masse telle celle du 20 août ne pouvait demeurer longtemps secrète-, il laissa faire en protégeant simplement le centre ville de Skikda. Pour pouvoir massacrer sans retenue ensuite. Ce qu'il fit et qu'il a relaté à plusieurs reprises, sans états d'âme. Le général Massu le remarqua alors et l'appela à ses côtés à Alger.
  • Le 20 août 55 commença par l'assassinat, à Constantine, de 'Alloua Ferhat, neveu de Ferhat 'Abbas, pharmacien de son état et élu de l'UDMA. C'est Lakhdar Bentobbal qui a donné personnellement l'ordre de l'exécuter (Bentobbal, celui-là même qui n'a jamais eu le courage d'assumer l'assassinat de 'Abane, celui-là même qui dès les années 60 estimait que le plus grave danger pour la future Algérie indépendante était... les communistes !). Motif ? 'Alloua était contre l'usage de la violence et venait -surtout- de lancer une souscription en faveur de l'association des 'Oulamas. Entre la grandeur d'âme de Ferhat 'Abbas -qui aimait ce neveu comme son fils et qui ne fit rien contre le FLN- et la raison « révolutionnaire » qui justifiait le meurtre, l'honnête homme ne balancera pas : F. 'Abbas est décidément un grand homme : pour bien moins que cela, d'autres sont passés à l'ennemi.
  • Quarante-quatre mineurs algériens furent accusés du massacre de leurs collègues européens et traduits en justice à Skikda, alors même qu'Aussaresses avait fait exécuter sommairement une soixantaine d'Algériens comme auteurs du massacre d'El Halia. C'est Gisèle Halimi et Léo Matarasso qui assurèrent leur défense au milieu de l'hostilité meurtrière des Européens de Skikda. G. Halimi fit valoir qu'il était bien curieux que ces ouvriers soient retournés au travail le lendemain de leur forfait supposé. Elle établit également, et pour la première fois dans un procès public, que les aveux des prévenus avaient été extorqués sous la torture. Après avoir fait exhumer quatre cadavres, elle réussit à réduire à néant les charges du procureur qui dut admettre que son dossier était vide. Deux des accusés seront néanmoins condamnés à mort. En 2001, à l'occasion de la parution du livre d'Aussaresses, « Services spéciaux, Algérie, 1955-57 », G. Halimi a saisi le ministère français de la Justice d'une demande de révision du procès d'El Halia pour « faits nouveaux ». (L'Algérie ne s'est naturellement pas associée à cette demande ni ne l'a appuyée en quelque façon).
  • La mine de pyrite (= sulfure de fer) d'El Halia et le village du même nom ont été attaqués à midi. Selon certains acteurs (côté algérien), il s'agissait de s'emparer des explosifs de la mine. Mais alors pourquoi s'attaquer au village où il n'y avait pratiquement que des femmes et des enfants ? Yves Courrières rapporte (in « La guerre d'Algérie », T2) que les assaillants, paysans sommairement armés, étaient accompagnés par une unité de l'ALN, 25 hommes, qui est restée planquée à l'orée du village et qui n'est pas intervenue. Pourquoi n'a-t-elle pas investi la mine pour rafler les explosifs ? Toutes les sources s'accordent à dire qu'à la mine d'El Halia, il n'y avait pas de ségrégation salariale entre ouvriers algériens et européens et que la bonne entente régnait. Est-ce cela qui déplaisait aux chefs locaux du FLN ?
  • Le 25 septembre 1956, au retour du congrès de la Soummam où il avait été durement  critiqué par 'Abane et Benmhidi pour l'opération du 20 août 55, Zirout Youcef tombe dans une embuscade tendue par l'armée coloniale. Des membres dirigeants du futur GPRA diront que c'est l'un de ses adjoints -'Ali Kafi, en l'occurrence- qui l'a « donné » à l'armée française. Mohamed Harbi -neveu de 'Ali Kafi- relèvera cette rumeur dans ses écrits et Benbella accusera positivement 'Ali Kafi d'être responsable de la mort de son chef. En supposant que ces allégations de trahison soient fondées, quelle serait la part de la tragédie du 20 aout 55 dans cet acte ?